des pirates virgile n'a que la stature et l'œil bleu qui se tend par-delà l'horizon dans un mouvement comme un oiseau moqueur - au-dessus de vous il semble toujours regarder la mer ou une terre lointaine, à se figurer des vies plus douces et plus imaginaires que la sienne. lorsqu'il vivait encore parmi les gratte-ciels (et qu'ils lui obstruaient la vue car c'est tout ce que savent faire ces foutus géants, il vous dira), il avait l'ambition de grimper plus haut qu'eux et de se baigner dans le ciel comme dans la piscine des dieux, virgile serait un intrus aux sérénités des cieux ;  de son salaire il prenait la moitié pour subvenir à ses besoins et l'autre pour soulager cette folle envie de voir le monde d'en haut, en prenant l'avion vers des contrées lointaines ou en sautant en parachute, des deux côtés du hublot virgile expérimentait toujours le vertige euphorique de celui qui a failli tomber et ne plus revenir, mais qui retourne verbatim aux villes d'acier où on a la tête lourde et des rires à la fin de toutes les phrases  - de l'amérique virgile n'a que le col de chemise repassé et les mots cruels qui s'étalent en formes ennuyeuses sur sa mâchoire, on disait (on dit toujours) de lui que c'est un homme ennuyeux qui ne vous regarde pas lorsque vous lui parlez - c'est qu'il regarde soit onagre soit l'horizon et qu'il rêve à toutes les heures, et c'est pourquoi un jour il s'est envolé grand prince sur les hautes latitudes ; plus haut que les gratte-ciels, comme il se l'était promis, à un concours de montgolfière la leur s'est envolée vers les pays où le soleil ceindrait leur front et où tout serait simple car leurs vies d'adulte se seraient diluées dans l'océan - ils auraient vécu de leurs rêves, virgile en est convaincu, si ils ne s'étaient pas écrasés avant d'avoir atteint la côte.


l'air désabusé mais toujours un grand idéaliste — en pleine crise de la trentaine un peu en avance — arrivé en décembre — il laisse un peu pousser ses cheveux depuis qu'il est ici, avant il était toujours bien rasé derrière la nuque et tout — l'ancien-ne gérant-e du diner était en burnout et leur a laissé les clés avant de partir en vacances, iel les appelle de temps en temps pour prendre des nouvelles et leur demander si ils ont pas encore brûlé le four — white boy of the month, en ces temps de chaleur il a toujours des coups de soleil un peu partout parce qu'il bronze mal et délaisse la crème solaire — agressif lorsqu'il se sent attaqué ou vulnérable — ancien employé d'une agence de pub de chicago — pas hyper poli — l'air vaguement menaçant mais c'est un bolosse — il apprend petit à petit la cuisine et veut sincèrement bien faire les choses — bi icon, a quasi rien eu avec des mecs parce qu'il est refoulé mais il fait son second arc là donc il se tâte — manque pas une occasion de dire que tiverbrook est une bonne ville de merde — mais reste car onagre — c'est ce qu'il dit — mais au fond il commence à aimer un peu ici aussi — et il a vraiment pas envie de retourner à son ancienne vie, surtout que maintenant ils doivent payer les frais de la montgolfière — "je déteste les soirées à thème" a acheté les guirlandes à fleurs et les chemises pour la soirée hawaïenne — not the sharpest tool in the shed — s'essaye convaincu que son prénom français et son nom allemand font de lui un enfant du monde mais c'est juste un heureux hasard — et il est très white american — en quête de sens à sa vie et ça le rend un peu edgy — mais edgy nul — garde des manières un peu guindées de sa vie en ville mais son côté feral ressort de plus en plus — toujours un peu vu comme le mec bizarre arrivé en montgolfière au début de l'année — à juste titre — a souvent de la graisse sur les manches — adore la mer mais a trop peur des MOUETTES — s'est pété la jambe pendant l'accident de montgolfière, a été en béquilles quelques semaines et maintenant il boîte — pas de chance virgile