le jour où mimi est entrée dans sa vie, rien ne s'est particulièrement passé.
il est étrange d'ailleurs pour lui de parler de mimi comme une entité, ou même comme une part de lui car ce costume cotonneux s'apparente davantage à un bleu de travail et un moyen bien juteux de se faire un peu d'argent. il ne faudrait chercher de sens profond aux réflexions de kaede car on y trouverait seulement quelques grains d'existences.
la raison est telle qu'il n'est pas animé par une quelconque poésie, que sa mélancolie est charnière à la réalité et qu'il n'est allé plus loin que ses propres sentiments les plus littéraux, sans jamais méditer sur la raison de leur existence.
alors quand on lui a dit qu'il serait bien joli dans des tenues d'écolière, sans un instant évoquer le rapport à la masculinité, il a accepté parce que la honte lui est étrangère face au fait le plus évident que personne dans la rue ne sera apte à le reconnaître. et que même si c'était le cas, la terre ne s'effondrerait pas et il pourrait continuer à avancer.

il y a une forme de résignation à sa propre réalité en vérité, sans que cela le pèse. il s'est tranquillement forgé et adapté aux situations qu'on lui proposait, pesant le pour ou le contre de la manière la plus cartésienne possible. à vrai dire, ce genre de choses est d'une évidence terrifiante pour lui : l'idée d'un sens profond à chaque élément qui l'entoure, à l'évolution de la destiné selon ses propres actions lui échappent totalement. le principe même d'angoisse existentielle lui est incongru et il se soucie plutôt de petites choses comme la teinte de ses chaussettes ou de ce qu'il pourrait bien faire à manger ce soir.

( "simplet" — mais pas imbécile heureux — voit pas plus loin que son nez — pas agressif de base, mais pas sympathique quand même — assez antipathique, en réalité — regarde souvent mal — ne connaît pas l'angoisse — il veut pas particulièrement s'intéresser à la culture de ses parents, mais il veut pas particulièrement s'intéresser à la culture américaine aussi — comprend les choses de travers — peut vite monter d'un ton — fait "bah quoi et alors" quand on lui demande si c'est lui, mimi — c'est un peu un secret de polichinelle, c'est à dire que pas tout le monde le connaît, mais des personnes oui — c'est comme ça — peu de tact — ne sait pas analyser les gens — n'est pas méchant, mais peut l'être car il pense à lui et si ça le blesse, s'il est pas "confortable" dans la relation, il se sent légitime d'être sec — pas conciliant — peut se battre pour des conneries — le genre de mecs qui semblent ne pas avoir de passions — s'entraîne dans les miroirs et dans le reflet des fenêtres à faire des moues sexy et presque comiques tant elles sont exagérées — il ricane plus qu'il rit — prend les sentiments aussi simplement qu'ils viennent — ça le soule quand ça devient trop compliqué socialement et tout les dramas et les mélodrames il comprend rien — le genre à rire quand on l'engueule car c'est nerveux, et qu'il est sincère — a pas le time pour les conneries, il est là pour vivre ok et boire et baiser et rigoler avec ses potes — il a lâché un "oh putain" en voyant onagre et virgile la première fois — il a aussi rigolé en demandant si c'était leurs vrais noms — "rah ouais" — peut mettre la main à la pâte pour éviter que les embrouilles durent trop longtemps — il s'en fout qu'on le connaisse davantage en tant que mimi, mimi c'est lui et c'est pas lui : il s'est jamais posé de question telle que "est-ce que je vais regretter que je sois connu pour mon sexe plutôt que pour la personne que je suis" — vous voyez, c'est pas si compliqué.

— fils d'immigré-es japonais, il est naturalisé américain de part sa naissance sur le territoire.
— il déménage seul à tiverbrook initialement pour faire ses études, sous la pression parentale alors que rien ne l'intéresse vraiment. il fait ses trois premières années en économie, travaillant dans le diner à côté. il finit par arrêter en prétextant à ses parents qu'il a été promu manager au diner, et que c'est durable.
— la raison de son arrêt est qu'il est suivi par un esprit qui le tourmente. il ne paraît pas dérangé bien que constamment renfrogné. pour vivre au quotidien ça le pèse, mais il fait avec. pour se concentrer sur les études, c'est déjà plus complexe.
— c'est en traînant dans un bar qu'il est repéré par "son agent" dans le milieu pornographique avec qui il parle longuement.
— ils finissent par conclure qu'il y a du blé à se faire. exploitant des aspects de la fétichisation pornographique, un personnage naît : mimi. kaede n'est pas vraiment conscient de ce qu'il fait, mais cela le convient : il se laisse berner par l'attrait de l'argent facile, sans prévenir son entourage familial pour ne pas se faire rejeter.
— fétichisation à fond : apparence adolescente voire presque enfantine (s'apparentant aux lolicons), "kawaii", douceur et soumission japonaise tout en étant muni d'un pénis. mimi commence à avoir son propre public.
— avec cet argent, il essaye de voir des psys pour se débarrasser de cet esprit qui rôde autour d'elle. rien ne fonctionne. diagnostiqué schizophrène et paranoïaque, il finit par cesser d'aller les voir avec la certitude que ce n'est pas ça.
— il continue toutefois ses apparitions pornographiques avec énormément de recul : il refuse de se mêler à la culture queer, et tient des propos problématiques normalisés à son époque et à son contexte social : transphobie, homophobie ect. il ne se sent pas impliqué dans la cause. pour sa popularité, il n'est pas si bien payé par son manager.
— il est contacté par des magazines d'actualité et people pour donner des interviews et des shootings, perçus comme une bête de foire. interviews toujours refusés, shootings acceptés pour des choses moins "exagérées" que ce qu'il fait habituellement.