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i walk a lonely road • NANNA
Matthew Williams
Matthew Williams



Jeu 1 Aoû - 17:52

all the rest is rust & stardust

Brise matinale qui vient lui frôler le visage, rosée estivale, qui vient s’agglutiner à sa peau, à ses cheveux en bataille qu'il n'a pas pris soin de vraiment peigner en s'extirpant de son lit. Son étui à guitare hissé sur les épaules, son dos, un brin voûté, les mains dans les poches, Matt avance, avec sa nonchalance habituelle, dans les rues de sa banlieue. Comme à son habitude, il ne sait pas vraiment où il va et il doit bien avouer, que depuis ce sombre accident, il considère qu'il n'a jamais su. Il se contente d'avancer, la tête baissée et la mâchoire serrée, redoutant encore les imprévues de la vie ; cruelle ; il a peur de ce qu'elle lui réserve. Se massant le crâne avec délicatesse, il dégaine son casque audio, son lecteur cassette et continue son ascension. Le rythme de la musique entre en harmonie avec sa démarche, les notes de basses accentuant chacun de ses pas. Le cœur qui se voulait lourd se fait désormais plus léger, un sourire aux coins des lèvres qu'il ne peut refréner, Matt continue de déambuler, comme le vagabond qu'il est.

Et voilà que son cerveau s'égare, que ses pensées s'envolent ; qu'il ne peut s'empêcher de penser à elle ; de remuer sa peine. Il vit encore dans le passé Matt, incapable d'aller de l'avant, d'avancer correctement. Les lèvres pincées, son sourire quitte ses lippes décharnées, malmenées par sa vie faite de stress, d'anxiété. La brise légère qui lui faisait du bien vient littéralement de le geler sur place, cette rosée matinale n'arrangeant en rien son cas. Il se sent de nouveau hors du temps, perdu dans les tréfonds d'un fugace instant ; une vie éphémère, une joie passagère. Il a l'impression, constamment, de voler ses moments ; mais qu'on vient subitement le rappeler à l'ordre, lui subtiliser ce qu'il a chapardé. Matt ne se sent pas libre, il se sent contraint et forcé ; pas d'autre choix que de continuer à vivre, que de perdurer... Alors qu'elle n'est plus là. Seuls ses souvenirs d'elle demeurent. Et il sait, il comprend, il se souvient. Il n'a pas perdu que Mary, il a perdu son monde, son havre de paix. Ils ont tous disparus, en même temps qu'elle.

Envoler
Parti en fumée
Comme un mauvais rêve
Qui doucement l'achève


Son cœur se serre, l'étau revient à la charge, ne lui laissant aucun répit. Il ne manquerait plus que l'apparition du fantôme pour le clouer un peu plus au fond du trou. Les mains de nouveau dans les poches, il vient dégainer une cigarette Matt, fumant pour se rapprocher un peu plus de sa fin, aspirant à une mort lente et douloureuse, ne faisant clairement pas honneur à la vie qu'elle a laissée derrière elle. Il t'en veut Mary, de ne pas l'avoir emmené avec toi. Il aurait dû être dans cette bagnole, avec toi, subir les huit tonneaux qui ont une raison de toi, de vous. La gorge est serrée, comprimé, ses boyaux sont dilapider ; une soudaine envie de gerber. Mais il continue de marcher, Matt, toujours vers l'inconnu, la tête constamment baissée. Depuis ce jour, il ne s'est pas relevé.

C'est le chant de plusieurs moineaux qui vient cependant l'extirper de ses mornes pensées ; déliant sa langue collée à son palais, à ses dents. Les mirettes un peu émerveillées, il ne s'attendait pas, le vagabond, à se retrouver ici, en pleine forêt. Combien de temps avait-il marché ? C'est en relevant sa manche et en regardant sa montre que Matt se rend compte de son périple. Quatre heures de marche intense, qu'il n'a pas ressentie une seconde ; trop perdu dans les méandres de sa déchéance. Sourire mélancolique collée à ses lèvres pour quelques instants, il hausse son étui à guitare et marche. Midi passé, un estomac à sustenter, mais rien n'avoir à grailler sous la main. Il s'oubliait Matt, totalement. Ses yeux vont et viennent autour de lui, cherchant subitement signe de vie, un peu perdu : telle est sa connerie.

Au détour d'un chemin, il aperçoit une maison, perdue dans les bois, la nature ayant repris ses droits. La végétation emprisonnant le portail, des hautes herbes cachant certainement une masse de bestioles toutes plus affreuses les unes que les autres. Mais la fatigue se ressent, et même si elle n'est pas des plus attrayantes, Matt, en bon squatteur qu'il est, n'hésite pas une seconde à accélérer le pas. C'est après un chassé dans le portail pour y faire bouger le lierre, plusieurs mouvements de bras pour se frayer un passage, qu'il arrive devant la porte ; pénétrant dans l'antre, la porte n'étant pas fermée à clé. Le voilà qui déglutit avec difficulté ; car l'ambiance qui règne dans cette baraque n'est clairement pas des plus chaleureuses ; au contraire. Il a l'impression de faire un remake d'un mauvais film d'horreur, de chercher lui-même la merde.

Mais il entre, commence une mince exploration, avant de se laisser choir sur ce qui semble être un canapé, dans un salon laissé à l'abandon. Et pourtant, Matt descelle à quelques endroits, comme un signe de vie. Cette maison, est-elle vraiment abandonnée ? Il n'en est pas certain.  

hrp : amour sur toi, t'sais que j't'aime o/

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Nanna Hansen
Nanna Hansen



Sam 31 Aoû - 14:15




Recluse dans la bicoque abandonnée, amère et délaissée, tu t’es laissée aller à des élucubrations intérieures passionnées. Aux côtés de ton amie, la paranoïa qui s’était invitée dans les parois crispées de ton cœur rachitique et fermé.
Comment respirer, se laisser aller, dans un monde d’apparente normalité lorsque le sort t’avais frappée. Évidemment que ton coup de sang avait l’apparence d’un caprice superficiel, d’un trait tout à fait caractériel.
La vérité est que cela aurait pu être une corne acérée, un bouton malformé aussi bien qu’un trou béant dans lequel se reflète le néant.
Qu’importe la nature de l’abjecte vérité, tu es seule.

Ta forteresse, tu l’as créée.
La voilà, dressée et tu en es le bras armé.
À la défendre constamment, enragée.

À force d’être enterrée parmi ces murs craquelés, ce parquet gonflé par l’humidité, il faut croire que tu as assimilé chaque petit effet que le temps avait sur ce lieu délaissé. À la manière dont le vent s’engouffre dans la cheminée bouchée, dont les branches cognent aux fenêtres opaques.

Crack.
Un nouvel ongle fissuré entre tes canines crispées. La douleur en piqûre de rappel, un léger sursaut remue ton corps ramassé. Mais rien n’est assez pour décollé ton regard aphone du vide désespéré.
Le goût âcre se répand sur ta muqueuse, tu goûtes à nouveau aux conséquences de ces mutilations enfantines.
La masse est bancale parmi tes chaires grignotées, tu continues ton macabre exercice. Si celui-ci a ployé, les autres en feront autant.

Et lorsque les dix seront brisés sous ta rage camouflée, derrière tes yeux humidifiés, gonflés par les nuits passées à te maltraiter, tu seras peut-être apte à te lever. À lécher le sang séché, à faire quelque chose de tout ce temps libéré par ton exil imposé.

Un grincement sourd se fait entendre.
Lèvres entrouvertes, tu délaisses un instant ton activité car tu oses à peine respirer. Tes pupilles retrouvent une vitalité, celle de l’animal effrayé car il sait que l’on a pénétré son territoire, sa terre promise de pérennité. Une angoisse sourde au fond de ses organes malmenés.

Alors Nanna décolle ses genoux repliés de sa poitrine humidifiée par les larmes versées. Lentement, comme si le moindre geste brusque allait la briser. Elle crache l’air accumulé d’entre ses poumons alertés par le courant d’air venant de la caresser.

Elle se faufile, dos au mur. Il n’y a rien d’héroïque dans sa posture, ses omoplates effleurant le papier peint suranné. Car elle veut sentir quelque chose de tangible derrière elle, être sûre de ne pas être prise de court.
S’arrêtant à l’encadrement ouvert du salon, elle continue d’entendre les légers mouvements. Puis plus rien.

Elle gratte le mur du bout de ses ongles épargnés, espérant avoir le courage de se retourner. Disparaître par la porte de derrière est une option qu’elle entrevoie à quelques mètres, qu’elle regarde avec une envie non-dissimulé. Le courage lui manque. Mais la simple pensée de devoir abandonner le peu lui appartenant, de ne pas oser revenir sur ses pas lui est insupportable.
N’en-a-t-on pas assez de lui retirer les maigres choses qu’elle clame être sa propriété ? Le peu d’intimité qu’elle pensait posséder ?

Nanna se perd, s’exaspère.
Son cœur pourrait éclater.
Et s’il pouvait repeindre les murs moroses, elle pourrait alors feindre une certaine gaité.

Elle hausse les épaules, se prépare à se montrer, peut-être à attaquer. À part montrer les crocs, elle ne saurait se faire intimidante. Mais elle tente.
Nanna surgit de derrière le mur, hérissée, saisit l’un des bouquins posé, prête à le jeter. Mais ses yeux arrêté sur la cible désirée la font stopper.
Il y a une stupeur non dissimulée sur son visage effaré.
Car le visage observé l’a rappelé à la réalité.
Celle de la vie qu’elle possédait, il fût un passé.

Le bras levé retombe le long du corps, ballant, estomaqué.
Car elle ne saurait verbaliser ce qui vient de la transpercer.
Un fantôme, un revenant, quelqu’un qui l’a délaissé.
Bien avant cette malédiction prononcée, mais la rancœur n’a pas besoin de se justifier.
Alors elle feint Nanna, elle décide que l’amnésie l’a frappée, qu’elle n’a rien à prononcer sur le sujet.

« Sortez d’ici ! »

Elle tremble de la tête aux pieds, ses menaces n’auront probablement aucun effet. Ce n’est pourtant pas la peur qui meurt son corps traumatisé mais la colère qu’elle ne sait contrôler. Car elle sait.
Il y a quelque chose de cruel, de médisant, à renier son existence. Refuser de le nommer, faire semblant et créer cette ambiguïté.

« Sortez de chez moi ! »

Le ton monte.
Et elle sert le livre entre ses ongles éclatés à les faire saigner. Car elle veut et refuse toutes options qui ne seraient pas son départ. Elle ne veut pas de lui ici. Il y a quelques temps peut-être aurait-elle pu laisser sur elle glisser, les quelques remarques acérés qu’elle voulait lui infliger afin de profiter du souvenir qu’il représentait. De cette pièce commune au puzzle parfait que sa vie était.

Irrespirable, suffoquant, impardonnable.
Elle aimerait tant qu’il aille au diable.

« Maintenant ! »

Sa voix aiguë s’éclate contre les murs, le livre est balancé, fait flancher un instant la vieille télé sur laquelle la poussière s’était déposée. Elle est sur le point de craquer et son visage est déformé, partagé. Entre une envie de s’écrouler et celle de tout brisé. Comment reconnaître la fille qu’elle était lorsqu’un tel personnage vous est présenté ?

Nanna l’ignore, s’en moque.
Elle veut le voir six pieds sous terre.


hrp — me too bb

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