Par la fenêtre elle observe pensive, bien au delà de cette ville et ses préoccupations habituelles. Elle songe aux nuits passées sous ce ciel depuis leur arrivée, à elle et à Virgile ; eux qui sont descendus par ce même ciel, traversant les nuages pour s’échouer sur cette terre. Elle pense souvent à la chance qu’ils ont eu - ils auraient pu arriver en mer, sans personne sans un hôpital dans les environs. Il n’y aurait plus eu d’après, plus de lendemain. Heureusement, ils s’en sortir, sans trop de soucis - un coup d’oeil près de la béquille qu’il porte à chaque pas sur le sol - ce n’est rien, ça aurait pu être pire. Onagre relativise, évite de penser à ses anciennes blessures et se contente de panser l’avenir d’un revers de la main. Sous ses gestes tremblant d’anticipation à l’idée de l’évènement qui les attend ce soir. Même ses pensées tirent parfois vers un passé relativement proche - Onagre ne peut pas retenir ses sourires, même entre ces quatres murs pas toujours très propres, un carrelage encore loin d’être brillant et les marques d’usures du sol au plafond de ce diner récemment acquis. Pour elle, c’est une chance qui leur sourit, et elle sourit en retour - c’est pas l’enthousiasme qui fait briller les tables, mais sans ça elle serait encore sur une banquette à lire des magazines en attendant que le soleil se couche. C’est l’impatience qui la guette et elle ne s’en cache pas. Même si elle le voulait, elle ne pourrait pas s’empêcher d’en parler - surtout à Virgile - elle partage ses mille et une pensées sur la pendaison de crémaillère de ce soir ; pensées de la plus haute importante qu’elle ne pourrait garder en elle pour rien au monde. Onagre elle pense ; à la couleur des serviettes, qu’est ce qu’ils vont écrire sur leur ardoise, quelle typographie, quelle musique d’ambiance, quelle ambiance tout court d’ailleurs- L’ultime question lui revient alors en tête. Son chiffon toujours à la main et ses talons résonnant sur le carrelage de sorte à ce que Virgile ne tappe pas une crise cardiaque en l’entendant arriver dans son dos. Elle entre, sans la moindre discrétion, sa voix résonne dans la petite pièce du fond :
Virgile t’es là ? t’as trouvé de la déco’ ?
Ses yeux se baladent entre les étagères poussiéreuses sur lesquelles siègent des cartons où elle a moyennement envie de s’aventurer - elle sait qu’elle pourrait y trouver quelque chose d’intéressant (comme des guirlandes au moins) - mais elle redoute secrètement d’y trouver quelque chose de dégoûtant (comme des insectes ou un cadavre d’animal en décomposition). Alors Onagre se tient sur le pas de la porte de la réserve avec des idées plein la tête.
j’avais pensé à mettre des bougies sur les tables mais problème : elles ont toutes un parfum différent. ses problèmes lui pèsent, il faut en parler. en plus ça fait un peu glauque… ou trop romantique ? elle s’est retenue de parler, pendant un peu près 12 minutes et 23 secondes.
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