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tôt le matin (jean)
Virgile Wagner
Virgile Wagner



Mer 14 Aoû - 0:46

tôt le matin

émaux naifs derrière un verre, emblèmes et fleurs d’antan, chiffres maigres et vieux; lunes des corridors vides et blêmes, les horloges, avec leurs yeux l( jean )



en traçant à travers la ville, virgile inscrit ses pas sur ceux d'une heure étrange, que l'on ne saurait dire tardive ou bien très matinale ; son réveil a sonné à quatre heures vingt et quinze minutes plus tard, il s'est éclaté les yeux à la seule lumière de la lune car les lampadaires ne s'allument jamais sur son passage. il n'a dormi que trois heures - il a oublié sa veste - et son souffle se raccourcit au fur et à mesure de la route ; sous les étoiles virgile est un point perdu qui atterrit à la forêt comme par malchance, comme il l'a toujours fait véritablement - par réflexe il se recoiffe à l'orée du bois, mais une feuille se pose au sommet de sa tête juste après, et il a marché dans une flaque de boue. virgile soupire bruyamment mais ne songe pas une seconde à revenir en arrière - il est trop entêté pour ça. et surtout il y a la photo qui pend au bout de ses doigts qu'il tente de garder immaculée, qui, à la lumière de la lune, lui paraît plus précieuse encore - il arrive à lui trouver des airs de bijoux ou de joyau interstellaire. où l'œil novice verrait un salon en ruines et un pauvre jeu de lumières, virgile voyait une fille, une légende et un autre monde. il avait fini par corner un des angles à force de jouer avec, pour faire passer son envie de trembler.

lorsqu'il arrive au manoir, il est déjà tôt le matin.

il lui semble que tout craque un peu plus fort que la veille quand il pose un premier pied à l'intérieur ; la bâtisse fait comme un cri et virgile croit y entendre "jean jean" - il croit, en tout cas. s'il ne croyait en rien il dormirait sûrement à cette heure-là mais le fait est que virgile s'est préparé pour ce rendez-vous avec vous-savez-qui, qu'il a apporté son argentique et tout, et des fleurs figuratives, en faisant attention à ne rien casser. il essuie son pied droit sur le paillasson décrépi, et il se croit aimable. il a la tête très vide pour ne pas avoir trop peur mais lorsqu'il entend de la musique à l'étage, il panique et, à la vérité, manque de pleurer.

virgile espère très sincèrement et très fortement qu'ici les voyous et les amateurs d'urbex aiment le jazz, et gravit une marche - deux - les descend - les remonte - au bout de dix minutes il monte l'escalier.

l'étage lui apparaît plus clair car les rayons lunaires passent plus facilement, où alors l'atmosphère est plus dense en fantômes, il ne sait pas - dans tous les cas virgile est un intrus exemplaire qui jure beaucoup avec les teintes des lieux, et avec l'ambiance, car sa peur maladroite ne se reflète nulle part sur le parterre dégagée du salon toujours désert. il ne voit rien.

il est trop tôt le matin -ou tard le soir- mais virgile attendra patiemment le lever du jour, bêtement planté à l'encadrement de la porte. la photo dans les mains, il lance :

y-y'a quelqu'un ?

mais ne reçoit rien.
M A M A
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